Ecouter, regarder… c’est parfois difficile !
Mais toi Jésus, tu as su écouter chacun même quand cela interrompt ta marche, même quand tu es bousculé dans la foule, même sur ton chemin vers le calvaire, même sur la croix. Tu écoutes, tu provoques la parole de l’autre, alors mieux que nous tu écoutes et entends vibrer les quartiers de Beuvrages.
Tu écoutes, l’enfant qui rit et joue dans le jardin des voisins et d’autres qui pleurent souvent.
Tu écoutes ceux qui foncent en auto ou moto, tournent au bout de la rue et recommencent pendant des heures ; est-ce leur façon de dire, j’existe, je mérite votre attention ?
D’un trottoir à l’autre, tu écoutes les bonjours échangés, le bavardage des enfants qui vont à l’école en tirant leur cartable à roulettes, les mamans qui partagent joies et soucis en accompagnant les plus jeunes.
Il y a aussi les femmes qui viennent apprendre le français. Elle s’impliquent à fond, ne se découragent pas. Au fur et à mesure qu’elles savent, elles montrent à celles qui sont nouvelles, un jour triomphantes, elles disent : « je sais lire mon adresse, je sais téléphoner seule… » Tu écoutes, quand elles disent en partant de « l’école » : merci, à « joudi, inch’allah ».
Tu regardes les personnes handicapées, qui, grâce à la Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés, et de la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées se remettent debout et reprennent ainsi leur place dans la société : place de citoyen à part entière.
Dans la ville, tu entends, les coups de pioches et de marteau piqueur, les camions qui reculent, les grues qui s’activent pour la restructuration et la rénovation de la ville.
Tu accueilles les cris scandés de tous ceux et celles qui luttent avec les travailleurs contre les fermetures d’entreprises et le chômage, et le « cri » des cercles du silence qui expriment leur soutien aux personnes qui n’ont pas de papiers officiels leur permettant de vivre humainement.
Tu te réjouis du concert des klaxons, des défilés de voitures pour un mariage… joie exprimée parce que Valenciennes a gagné le match de foot. Des flonflons des fêtes de la ville : fêtes des voisins, des associations, de la musique…
Tu aimes écouter le chant mélodieux des merles et celui lancinant des tourterelles, et les chiens qui aboient parfois avec insistance.
Tu n’es pas sourd, Dieu notre Père quand les cloches de l’église appellent ou simplement informent qu’il y a mariages, baptêmes et plus souvent enterrements.
Oui, Dieu notre Père tu écoutes, regardes et entends tout cela et bien d’autres choses. Rends nos oreilles, nos yeux attentifs à ce peuple. Qu’avec notre congrégation, nous soyons de feu pour toi, qu’à la suite de Jean Emile Anizan nous osions dire sans orgueil et sans mensonges : j’ai le mal de Dieu, j’ai le mal du peuple.
Envoi ton Esprit, qu’il ouvre nos oreilles et notre cœur pour sentir vibrer le quartier, la ville, notre communauté, que nous y répondions en te les offrant.
S’il faut parfois être passerelle entre les personnes, nous avons aussi et surtout la mission d’être passerelle entre ton peuple et Toi. Oui, d’urgence, envoie ton Esprit.