Ce n'est qu'un au revoir mes Sœurs....

Sœurs Annick et Françoise,

Dans notre vie le Christ met sur nos routes des personnes, certaines ne font que passer et d’autres deviennent "spéciales "et vous marquent à jamais.
Pour ceux qui ont côtoyé nos amies religieuses de Beuvrages, il y avait beaucoup d’émotion au cours de cette messe durant laquelle chacun a pu se dire merci pour ces années de partage, de soutien mutuel, d’amitié…..
Quelqu’un disait très justement :
« Il ne faut pas pleurer parce que c’est fini mais sourire parce que c’est arrivé »
Et même si, durant le verre de l’amitié, quelques yeux étaient embués, le souvenir des bons moments vécus ensemble, resteront à jamais gravés dans nos cœurs……

Merci à toutes deux et bonne route…..

le petit mot de sœur Françoise, lu au cours de la messe,
Vous dire ce que j’ai vécu avec vous tous est impossible, j’ai choisi de partager avec vous sous forme de prière, ce qui a été la trame de ma vie ici depuis 11 ans.

Écouter, regarder… c’est parfois difficile ! Merci Dieu notre Père de nous avoir envoyé Jésus ton fils.

Oui, toi Jésus, tu as su écouter chacun même quand cela interrompt ta marche, même quand tu es bousculé dans la foule, même sur ton chemin vers le calvaire, même sur la croix. Tu écoutes, tu provoques la parole de l’autre, alors mieux que moi tu écoutes et entends vibrer les quartiers de Beuvrages.

Avec Toi, j’entends l’enfant qui rit et joue dans le jardin des voisins et d’autres qui pleurent souvent.

Avec Toi, et plusieurs adultes du Diocèse j’ai eu la joie d’accompagner des jeunes en JOC.

Avec Toi, je supporte aussi le bruit de ceux qui foncent en auto ou moto, tournent au bout de la rue et recommencent pendant des heures ; est-ce leur façon de dire, j’existe, j’ai besoin de votre attention !

D’un trottoir à l’autre, que de bonjours échangés, de bavardages des enfants qui vont à l’école en tirant leur cartable à roulettes, de mamans qui partagent joies et soucis en accompagnant les plus jeunes.

Avec Toi, je me suis émerveillée de voir les femmes qui viennent apprendre le français. Elles s’impliquent à fond, ne se découragent pas. Au fur et à mesure qu’elles savent, elles montrent à celles qui sont nouvelles, un jour triomphantes, elles disent : « je sais lire mon adresse, je sais téléphoner seule… » Tu entends, quand elles disent en partant de « l’école » : merci, à « joudi, inch’allah ».

A Beuvrages et alentours, avec Toi, nous vivons au rythme des coups de pioches et de marteaux piqueurs, les camions qui reculent, les grues qui s’activent pour la restructuration et la rénovation de la ville.

Tu accueilles nos cris scandés dans les manifs avec tous ceux et celles qui luttent contre les fermetures d’entreprises et le chômage, et le « cri » des cercles du silence : ils expriment leur soutien aux personnes qui n’ont pas de papiers officiels leur permettant de vivre dignement.

Tu n’es pas sourd non plus Dieu notre Père, à l’appel des cloches de l’Eglise. Elles nous informent qu’il y a mariages, baptêmes et plus souvent enterrements.

Tu regardes avec tendresse les parents qui demandent le baptême pour leur petit, et les adultes qui veulent te connaître et demandent à être baptisés, et confirmés.

Oui, Dieu notre Père, tu regardes, écoutes et entends tout cela et bien d’autres choses. Continue de rendre mon oreille attentive à ce peuple ; qu’avec ma congrégation, je sois de feu pour Toi, qu’à la suite de Jean Emile Anizan, notre fondateur, j’ose dire sans orgueil et sans mensonges : j’ai le mal de Dieu, j’ai le mal du peuple.

Envoi ton Esprit, qu’il ouvre mes oreilles et mon cœur pour sentir vibrer mon quartier, ma ville, ma communauté, que j’y réponde et te les offres.

S’il faut parfois être passerelle entre les personnes, j’ai aussi et surtout la mission d’être passerelle entre ton peuple et Toi.

Toi qui nous dis : ‘’il faut aussi que j’aille dans les autres villes pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du règne de Dieu car c’est pour cela que j’ai été envoyé ‘’. (Luc 4,43)